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samedi 29 mars 2025

De la pub, encore de la pub

   

   Ceux qui me lisent savent ou auront remarqué que je n'aborde jamais le vaste sujet des entiers postaux. Non pas que cela soit inintéressant, je suis certain que c'est une collection passionnante. Mais il fallait bien que je fixe une limite au champ de ma collection, et j'ai choisi celle-là. Pour l'instant...

Cela ne m'interdit pas d'aller jeter un coup d'œil de temps en temps sur certains, pour leurs types notamment qui sont parfois spécifiques aux entiers, mais j'avoue que j'ai toujours eu un faible pour ceux  revêtus d'annonces publicitaires. Je suis sensible à leurs charmes. 

Il faut dire qu'il en existe de spectaculaires et de forts rares, mais leur prix est en rapport, et cela m'arrange un peu de ne pas trop m'en approcher. Ils sont tellement attractifs que je dois souvent faire un effort pour résister à la tentation qu'ils déclenchent, et y renoncer à regret. Mais je tiens bon.

  Regardez ces 3 exemples courants de carte-lettre :

Pas de quoi se retourner sur leur passage !

Elles eurent beaucoup de succès auprès du public au début du XXème siècle, car elles étaient bien pratiques et pas chères, ce qui fait qu'aujourd'hui elles manquent d'intérêt pour les collectionneurs, à part quelques types, variétés ou tirages rares parfois recherchés.

Mais attendez de voir comment la pub a su les rendre attractives !


  Bien avant celles-ci, de nombreuses entreprises avaient ouvert la voie en faisant figurer des annonces, imprimées à leurs frais sur ces supports publicitaires rêvés : de simples cartes postales ou enveloppes, destinées à traverser le pays et même la planète, en étant vues et manipulées par des dizaines de milliers de clients potentiels.

Certaines étaient vendues avec une réduction par rapport au prix du timbre imprimé, ou même distribuées gratuitement par des éditeurs qui s'y retrouvaient financièrement en tirant bénéfice des publicités, et/ou en commercialisant l'impression des annonces de nombreux clients. Il suffisait d'y penser.

  Lorsque je vous ai dit que mon regard était parfois attiré par les plus spectaculaires, je conservais l'image dans ma mémoire des plus marquantes, ou des plus jolies. Puis je les oubliais.

C'est là où l'on se rend compte que notre cerveau est une véritable merveille : il suffit d'apercevoir une de ces images, même des années plus  tard, et la connexion se fait instantanément, on la reconnait. 

  C'est ce qui m'est arrivé ce mois-ci, en faisant défiler sur mon écran les centaines de lots d'une vente publique extraordinaire. Et j'ai eu de la chance, car l'objet de mon article d'aujourd'hui était discrètement caché au sein d'un lot disparate comprenant quelques timbres avec un millésime, des variétés, une carte postale de Tunis, une enveloppe publicitaire. Ce qui fait que peu de collectionneurs ont dû y prêter attention.

Voici la pub qui s'était incrustée dans quelques-uns de mes neurones, il y a plus de 15 ans je pense :

Pourquoi ? Je l'ignore, mais c'est ainsi.
Vous connaissez le maté, vous ? Moi non !

Et voici que je la retrouve, un peu perdue dans ce lot, sur une jolie carte-lettre, ici dépliée :


   Du coup je suis tenté, car l'ensemble proposé est relativement abordable. L'intérieur de la carte n'est pas photographié. Je me souviens vaguement que ces cartes sont rares, j'ai dû le lire quelque part, mais pas moyen d'en retrouver la trace dans mes archives. Je suis certain d'en avoir stocké une image, mais je ne la retrouve pas. 

Ce qui me plait surtout pour ma collection, c'est qu'il ne s'agit pas ici d'un entier, mais d'une carte-lettre avec un timbre collé dessus, et non pas imprimé ! Sinon, je crois que j'aurais laissé passer l'affaire. 
Et je m'en serais mordu les doigts.

J'hésite un peu car la vente regorge de merveilles, puis j'enchéris finalement quand même, on verra bien.
La chance étant de mon côté, j'ai obtenu le lot. 
Je suis bien content sur le coup, mais surtout impatient de recevoir la carte, en espérant qu'il y a de jolies pubs au verso. 

   Plusieurs jours s'écoulent puis tout à coup, miracle : la mémoire me revient subitement. C'est bien entendu dans la collection d'un grand collectionneur d'entiers postaux que j'ai dû voir cette annonce, et nulle part ailleurs. Il ne peut pas s'agir de la même carte puisque celle que je viens de voir n'est pas un entier, mais cherchons quand même dans mon disque dur, cela m'intrigue. 

Et je la redécouvre enfin cette pub. Ma mémoire ne m'avait pas trompé :

Edition n°31 du 1er janvier 1907
(intérieur, carte dépliée)

Cet entier a circulé entre Melun et Rémalard en février 1908.
Timbre imprimé = Semeuse maigre 10 c. rouge YT 135.
Vous remarquerez que les inscriptions "postales" sont en rouge, comme le timbre puisque le tout était imprimé dans le même temps à l'atelier de fabrication des timbres-poste. Les annonces sont en noir, comme le mot qui a été ajouté "MODERNE".


  En attendant l'arrivée du recommandé, je cherche à me documenter sur ces entiers. 
J'aimerais bien en voir d'autres, mais ce n'est visiblement pas facile à dénicher! Ni dans mes archives, ni sur internet : rien, pas une image. Les bouquins dont je dispose ne font que mentionner leur existence.

Tout ce que je trouve, ce sont des petites annonces que faisait paraître la société dans les journaux de l'époque, en 1906 :

Le Petit Parisien du 2 mars :
La Lanterne du 31 mars :
Le Matin du 27 décembre :
(Merci à Gallica et à Doudad)

   Je fouille alors un peu plus dans la collection de Monsieur Jean Vigneron présentée sur le site internet de la fédération, et je découvre celle-ci, que j'avais oubliée, avec une Semeuse, une couleur et des annonces différentes :

Edition n°14 du 7 juin 1906
(intérieur, carte dépliée)

Cet autre entier a circulé entre Hirson et Lille en juin 1906.
Timbre imprimé = Semeuse lignée 15 c. vert avec surcharge "Taxe réduite à 0 f. 10". La même couleur verte a été utilisée pour les inscriptions et les annonces. Il n'y a pas de correspondance, et les bords ne sont pas déchirés.


J'en sais un peu plus à présent :
- l'éditeur est situé 8 rue Pilaudo à Asnières (Seine) 
- le tirage de chaque édition est de 2000 exemplaires
- la disposition des pubs laisse quand même une petite place à l'intérieur pour la correspondance
- il y a l'équivalent de 20 petites cases rectangulaires, pouvant être fusionnées par 2, 4 ou 8 en fonction du format des différentes publicités choisies
- sur la verte, il est précisé : "Pour les annonces, s'adresser au correspondant principal M. Henri GODFRIN à Rumigny (Ardennes)" alors que ces renseignements manquent sur la rouge.


Voyons à présent ce qu'il en est de celle que j'ai fini par recevoir :

Edition n°15 - Date 1er août 1906
(intérieur déplié)

Elle a circulé d'Asnières à Paris en septembre 1906.
Timbre collé = Semeuse lignée 10 c. rose YT 129.
Publicités et inscriptions imprimées en noir, ainsi que CARTE-LETTRE "MODERNE". Les annonces intérieures sont différentes de celles de l'édition n°31 (alors qu'à l'extérieur ce sont les mêmes).


   Je me décide à contacter Monsieur Vigneron pour lui faire part de ma trouvaille, et tenter d'en apprendre d'avantage à son sujet. A ma grande joie, cet éminent spécialiste n'a jamais vu de carte-lettre comme la mienne, et n'en connait qu'une seule autre, décrite comme incomplète dans le catalogue de Bertrand Sinais en 2005 :


Entier avec Timbre imprimé = Semeuse lignée 10 c. rose YT 129.
Il a circulé de Hirson à Amagne en juin 1906.
Avec peut-être bien le même cachet d'ambulant et les mêmes annonces que l'édition 31 (sur cette seule page visible).

Espérons que le collectionneur qui le conserve pourra nous lire, et aura l'amabilité de nous en faire parvenir de meilleures images.


Regardons à présent attentivement une des cases, imprimées à l'intérieur de l'édition 31 :


On y voit que l'éditeur proposait deux tarifs différents pour chacune des 20 cases publicitaires, en fonction du support choisi :
- soit sur une carte fac-similé fournie aux clients sans timbre imprimé
- soit sur une carte officielle toute affranchie = un des entiers à 10 c. YT 129 ou 135

Contre 10 ou 30 francs, l'annonceur d'une seule case, recevait 100 cartes "gratuites".
Et 20 cases correspondent bien à 2000 cartes.

Chaque édition tirée à 2000 exemplaires rapportait donc 200 ou 600 francs à la société.

- Dans le premier cas, le prix de revient comprenait celui des cartes vierges, semblables à celle-ci :

(j'ignore si elles étaient vendues par la poste ou dans le commerce, 
ainsi que leur prix certainement modique)
 
- Dans le second, il fallait compter le prix des 2000 entiers achetés à la poste (200 francs)

Et dans les deux cas prendre en compte le coût du travail d'imprimerie, les salaires et les frais de fonctionnement de la société.

   Avec 31 tirages jusqu'en janvier 1907, cela représentait une assez belle petite entreprise.


     Les 3 cartes complètes que nous vous avons montrées portent toutes la même mention :
"Délivrée GRATUITEMENT, toute affranchie  à MM. les annonciés"

Même celle sur laquelle un timbre a été collé pour pouvoir l'utiliser !

On comprend donc que le modèle "fac-similé" était fourni sans timbre, car sinon la société aurait été financièrement perdante si elle avait dû les affranchir elle-même avant de les distribuer.

Le prix du timbre à coller restait donc à la charge :

- soit de l'annonceur afin qu'il utilise ses cartes pour la correspondance de son entreprise, ou bien qu'il les distribue en tant que cadeaux, le but étant de faire circuler sa publicité,

- soit d'un utilisateur / expéditeur ayant reçu gracieusement une de ces cartes publicitaires, comme ce fut le cas pour la "mienne" :


En effet, ce Monsieur Arnoult était domicilié à la même adresse que le siège de la société, mais ne faisait pas partie des "annonciés". Il a donc dû recevoir la carte en cadeau de la part d'un de ses voisins. Peut-être le Docteur Mesnard qui vantait les mérites de son Maté - Kina ? Puisque lui aussi habitait ce quartier d'Asnières "Villa Pilaudo".

Mais qui a payé le timbre ? L'histoire ne le dit pas.


  Je me suis aussi documenté sur ce fameux maté anti neurasthénique, qui avait retenu mon attention. 
En 1900, à l'occasion du congrès international de médecine, 5 pages décrivent son origine, sa fabrication, ses mérites, que vous pourrez apprécier en cliquant sur ce lien :

D'ailleurs, si ce collègue du siècle dernier ne s'était pas offert 8 cases pour inscrire en aussi gros caractères sa publicité, ma curiosité n'aurait pas été autant titillée, et je ne l'aurais certainement pas enregistrée visuellement. Comme quoi la pub, plus c'est gros, plus ça marche !


Si nos lecteurs connaissent l'existence d'autres exemplaires de cette CARTE-LETTRE MODERNE, ils sont priés de bien vouloir nous contacter, et dores et déjà remerciés.

(cliquer sur "Aucun commentaire" ou sur mon pseudo)
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samedi 15 février 2025

Doublé gagnant au jeu !

 

   "Les grands esprits se rencontrent" oserais-je dire modestement.

L'avantage de parcourir la collection d'un grand amateur, c'est qu'on y trouve toujours une foule de renseignements instructifs, des pièces souvent exceptionnelles ou bien jamais vues, des variétés spectaculaires. 

C'est ça qui nous enrichit à chaque fois, même si du côté compte en banque c'est forcément le contraire !

Et ce qui fait vraiment plaisir, c'est de s'apercevoir que l'on a parfois choisi quelques pièces semblables  pour notre collection à nous. On se trouve confronté dans nos choix.

   L'intérêt d'internet, c'est qu'on obtient facilement des images en couleurs, et sans bouger de chez soi, sans avoir besoin de farfouiller dans des feuilles d'albums ou des boutiques poussiéreuses.

C'est comme ça que je viens de trouver deux jolis accidents d'impression qui me permettent de gagner 2 fois d'un coup au jeu que j'ai moi-même lancé.

- Un jaune imprimé à plat, portant la trace d'un losange de papier venant de la perforation de contrôle du papier :


- Et un bleu en typo rotative, décrit comme "anneau-lune" alors que cela ressemble plutôt à une éclipse de soleil, et causé par les petites pastilles libérées par la perforation :



Les deux correspondants sont toujours dans ma collection, je vous les avais déjà montrés :




Une chance sur combien, à votre avis, pour tomber dessus, un siècle après leur séparation ?
A peu près autant que de gagner au loto, vous croyez ?

J'adoooooore ce jeu !


vendredi 31 janvier 2025

Il n'y a pas de mouton à 5 pattes !

 


  Même si cette pauvre bête tendrait à prouver le contraire, je pense qu'en philatélie l'expression reste absolument valable. Et si un jour vous trouvez une pièce tout à fait insolite, jamais vue, spectaculaire, étonnante, et qu'on vous la propose pour une bouchée de pain, méfiez-vous ! Il y a de fortes chances que l'on tente de vous escroquer, ou que vous vous soyez trompé. Circonstance favorisante si vous êtes persuadé d'être plus malin que les autres.

   Je me souviens que mon père avait cru faire un jour une excellente affaire auprès d'un marchand d'art qui lui proposait des antiquités orientales magnifiques, avec des bijoux en or massif notamment, des pièces de musée qui inspiraient la confiance et émerveillaient l'enfant que j'étais. Plus modestement, le paternel gogo se laissa tenter par quelques poteries grecques très décoratives, en parfait état et d'un prix fort attractif, que le vendeur (qui s'est avéré être un escroc) a fini par lui céder au terme d'âpres négociations...

  Ce n'est que quelques mois plus tard que la supercherie a été découverte : tout était bidon et de fabrication moderne ! Sauf peut-être l'or qui nous avait éblouis, et que le vendeur avait bien entendu remporté. Plainte fut déposée, les poteries saisies, de gros fragments prélevés pour analyse, puis elles nous furent finalement rendues. 

Et elles décorent toujours 50 ans plus tard les étagères familiales en mémoire de ce "mouton à 5 pattes" que mon père avait cru dénicher, avec bien en évidence les gros trous laissés par les spécialistes qui les ont expertisées. Pour ne pas oublier ! L'escroc ne sera jamais poursuivi et a certainement continué ses malfaisances.


  La génétique étant ce qu'elle est, j'avoue m'être fait avoir moi aussi à quelques reprises en achetant des timbres, mais cette expression est toujours restée dans ma tête et je me méfie beaucoup. Certains qui croient tout savoir devraient se montrer plus prudents...

 Voici un exemple retrouvé dans une vieille revue par ailleurs excellente, que je ne citerai pas :


Cette fois-ci tout est authentique (et assez rare d'ailleurs) mais  c'est l'analyse qui en est faite qui est totalement bidon. Peut-être que la personne en question a cru à une affaire, à une trouvaille extraordinaire, et qu'elle a acquis cette épreuve à fort prix, convaincue d'être face à une rareté exceptionnelle ? Mais ce mouton-là n'avait en réalité que 4 pattes !

   1) Le cachet est authentique, et la date correspond bien à cette période mouvementée durant laquelle l'administration essayait en toute hâte d'imprimer un nouveau timbre pour "fêter" l'abaissement du tarif de la lettre de 15 à 10 centimes. Et c'est bien la Semeuse avec sol YT 134 qui fut choisie et émise le 13 avril :
(vous pouvez lire le texte en cliquant sur l'image)

Ce 134 avec sol sera imprimé à ma connaissance jusqu'au 12 juillet :

Alors que le 135 maigre commencera a être imprimé justement la veille = le 11, mais je n'ai que le 12 en photo :


   2) L'épreuve est authentique également, mais il ne s'agit en aucun cas du 10 c. maigre YT 135 : ceux qui me lisent depuis longtemps auront reconnu la Semeuse avec sol sans le sol qui avait illustré avec son fameux téton un de mes tout premiers articles en décembre 2008, que vous pouvez retrouver en suivant ce lien : revoir le téton

Et c'est justement ce téton effacé à la demande du ministre 


que l'on voit dépasser sur l'épreuve dont il est question aujourd'hui, 
et que l'on ne retrouve jamais sur la Semeuse maigre.

   Du coup, il est absolument logique que cette épreuve soit datée du 10 avril 1906. Ce n'est pas du tout une trouvaille exceptionnelle. 

Et d'ailleurs, comment l'auteur a t'il pu croire que la poste aurait apposé son cachet sur une épreuve restée sans aucune suite plus de 3 mois ?

Il a tout simplement été ébloui par ce cachet à date, ce qui l'a empêché de reconnaître le bon timbre (qui est d'ailleurs resté non émis, assez méconnu). Il a cru y voir une Semeuse maigre et c'est à sa décharge que l'on doit bien admettre que la ressemblance est grande. Il s'est réjoui de pouvoir ainsi contredire tous ceux qui affirmaient depuis des décennies que cette maigre datait de juillet. Il négligeait tout le tirage de la Semeuse avec sol qui a précédé. Et il se trompait. Evidemment !


Voici une image pour ne pas vous tromper :


(le téton disparaît et le point dans la ceinture apparait : caractéristique de la série maigre)

Ladite Semeuse maigre, sans son téton, a eu droit à ses épreuves elle aussi, mais certainement quelques semaines plus tard que celle avec téton :

(sur beau papier ou sur papier pelure)

Un galvano de 50 fut normalement fabriqué, dont voici une épreuve :


Et celle-ci, unique, montre 3 valeurs faciales à 15, 20 et 25 c. jamais émises :



Elle plut suffisamment au ministre pour être émise en juillet 1906 :

(oblitération du premier jour : authentique ou pas ?)

Mais pas assez puisqu'elle fut assez vite remplacée en 1907.

Elle sera d'ailleurs très très peu utilisée en 1906 puisqu'il fallait auparavant écouler les importants stocks de la Semeuse lignée et de la Semeuse avec sol.


*****


   J'en profite pour rectifier une erreur, souvent répétée, et qui a son importance dans l'histoire de notre Semeuse. Elle concerne précisément cette période de transition entre Semeuse lignée et Semeuse maigre.

On connait (et vous avez certainement déjà vu) de multiples essais ou épreuves collectives de diverses couleurs montrant différentes compositions du fond du timbre plus ou moins ligné, et qui avaient été datées de cette année 1906 par de nombreux auteurs (dont les admirables et regrettés J. Storch et R. Françon), ce qui paraissait somme toute très logique. 

En voici quelques exemples : 




Pourquoi donc de tels essais de couleurs 
si l'on ne prévoyait qu'un timbre rouge à 10 centimes ?


  Et bien c'est tout simplement parce qu'ils ne datent pas du tout de 1906, mais bel et bien des préliminaires à notre Semeuse destinée à prendre son envol en 1903 !

On aurait pu s'en douter car :

-  c'était bien toute une série que l'on envisageait alors, avec les 3 principales valeurs faciales à 10, 15 et 25 c. prévues en rouge, vert et bleu.

-  le dessin des valeurs faciales, avec leurs chiffres bâtons, est bien le même que celui de la 1ère série émise.

Et la preuve en est que l'illustre Arthur Maury décrivait et nous montrait déjà ces essais dans son non moins célèbre "Collectionneur des timbres-poste" n°273 en date du 1er juillet 1903 : il suffisait tout simplement de relire cette bible !

(les deux auteurs cités avaient d'ailleurs rectifié le tir et reconnu leur erreur dans la presse philatélique, peu de temps après la sortie de leur remarquable ouvrage)


mardi 28 janvier 2025

Et c 'est Nicolas qui a gagné...

 

...gagné toute ma considération pour avoir trouvé cette paire avec millésime !


Sur laquelle on peut voir que la brindille s'est légèrement déplacée sur la droite par rapport à l'autre exemplaire.



jeudi 23 janvier 2025

Le jeu continue !

 


  En mars , j'avais lancé l'idée de trouver des variétés amusantes qui se soient reproduites sur plusieurs feuilles au même endroit, et si possible identifier la case où elles se sont produites.

 Je relance en vitesse le jeu aujourd'hui avec cette "tache" retrouvée sur une Semeuse verte à  centimes YT 137 au type I  :

Une sacrée graine !

Je viens de la retrouver à la dernière ligne d'un panneau :


La largeur de la marge inférieure pourrait faire penser à un carnet : qui sait ?

Mais peut-être que l'un d'entre vous a un autre exemplaire similaire et pourra nous en dire plus ?


******


  Par ailleurs, à la case 16 d'une feuille de 1907 (ou de 1917) on peut trouver cette originale brindille :

Et elle a toutes les chances d'être restée à cet endroit précis quelques minutes, et donc de pouvoir se retrouver sur d'autres feuilles, à droite du millésime : à vos albums !


samedi 18 janvier 2025

La preuve !

 

   Même si cela revient un peu à enfoncer une porte ouverte, j'aime bien avoir sous les yeux la preuve de ce que tout le monde considère comme acquis.

Dans mon métier c'est même conseillé : avoir constaté les effets d'un médicament sur un patient porteur de telle maladie, c'est tout de même mieux que d'en avoir seulement lu la notice !

   Les techniques d'impression des timbres au début du XXème siècle me passionnent toujours autant, même si quelques subtilités m'échappent encore, et je me suis replongé récemment dans la lecture de l'introduction de l'excellent ouvrage de Louis Barrier consacré aux Semeuses. Je vous le conseille car on y apprend bien des choses.

Pour faire bref, les feuilles étaient imprimées, puis gommées, puis coupées en deux, et finalement perforées. On sait à peu près comment se déroulait l'impression. On a des images de l'extraordinaire machine à gommer. Et on sait que la machine à perforer le faisait ligne par ligne, du haut vers le bas de la feuille. 

Arthur Maury dans son Histoire des timbres-poste français, nous avait appris que cette dernière étape se faisait en perforant plusieurs feuilles à la fois : cinq exactement.


La flèche rouge vous montre le mouvement vertical du peigne qui perforait les (demi) feuilles de 150 timbres, et ce rangée par rangée : 18 coups de peigne sont nécessaires, alors que les feuilles se déplacent sous le peigne d'une rangée à chaque coup.


Ces (demi) feuilles de 150 timbres étaient piquées manuellement sur la machine en question en se servant des points et de la croix de repère visibles dans les marges, pour que la perforation soit correcte : on imagine bien que cela demandait une certaine précision de la part de l'ouvrier responsable, ainsi que toute son attention.

Le fait que 5 feuilles soient ainsi empilées (à la main et assez vite) avant d'être perforées explique la possible survenue d'accidents parfois spectaculaires : par exemple lorsqu'une des feuilles se repliait malencontreusement avant d'être recouverte par une autre, et que l'ouvrier ne s'en apercevait pas. Ou bien lorsqu'une des feuilles n'était pas aussi bien positionnée que les autres.

Les piles de 5, une fois perforées, étaient alors elles-mêmes empilées avant de passer au contrôle.


   Voici quelques exemples des conséquences de cette technique et de ses accidents :

C'est bien entendu souvent un coin de la feuille qui se repliait :




Parfois, un simple décalage horizontal lors du positionnement :




Mais parfois, c'est la machine elle-même qui dysfonctionnait alors que l'ouvrier avait correctement fait son boulot. Il pouvait arriver que la première rangée ne soit pas perforée et ses timbres non dentelés sur 3 côtés, alors que les autres l'étaient parfaitement :



Et, à l'inverse, c'est parfois la dernière rangée qui ne l'était pas, laissant une marge inférieure totalement dépourvue de perforation, et des timbres perforés sur 3 côtés seulement :



  C'est précisément ce dernier cas qui m'a inspiré ce petit article, car j'ai retrouvé par hasard en faisant du rangement dans mes archives les images de ces 2 fragments :


Ils datent du 21 octobre 1910, jour où la Semeuse à 5 c. vert était imprimée sur la presse 25, et sont issus de deux (demi) feuilles passées ensemble dans la machine à perforer (dans une liasse de 5 donc), alors qu'un dysfonctionnement est survenu et que la dernière rangée n'a pas été perforée convenablement.

C'est donc bien la preuve que plusieurs feuilles passaient ensemble sous la perforation.

Il ne nous reste plus qu'à trouver les 3 autres bas de feuille issus de la même liasse.

Ils doivent bien exister quelque part car je ne doute pas que les collectionneurs les ont précieusement conservés, et qu'ils auront l'amabilité de nous les montrer !